mardi 12 octobre 2010

Encuentro Nacional de mujeres


Départ vendredi soir 23h30. Appréhension et envies de voyages, de sortir de Buenos Aires. Direction Paraná. Voyage de nuit. Réveillées en musique. Par la fenêtre la plaine et le soleil qui commence à poindre. Un soleil rouge. Arrivée à Paraná un peu ensuquées. Dépôt des sacs et des affaires dans un CIC (centro ide integracion comunitaria), situé loin, très loin en périphérie de la ville, dans un quartier très populaire, où il n'est pas surprenant de voir des chevaux remplacer les voitures. Retour au centre, marche jusqu'au lieu de rassemblement : un parc inondé de femmes. Des pins et des écussons "j'ai avorté", des châles verts symboles de la lutte pour l'avortement légal et gratuit. Des militantes venues des quatre coins du pays. Le soleil cogne déjà fort. Des banderoles, des slogans. Je me sens un peu perdue parmi la foule dense des militants. Discours d'ouverture de la rencontre et hymne argentin (que certaines huent). Cohue pour sortir du parc. Descente vers le fleuve (dont la ville porte le nom), afin de rejoindre les rives, manger un morceau, les ateliers ne commencent qu'à 15h. Nous sommes une vingtaine, mis à part quelques personnes et moi-même, toutes sont affiliées au Bachillerato populaire. Achat de choripan et d'hamburguesas. On patiente en buvant de la Quilmes. Le soleil commence à nous (me) brûler. Finalement on se rend au ateliers. 55 ateliers, 55 thèmes différents, dans différents lieux (principalement des établissements scolaires). On remonte vers la ville sous un soleil de plomb, vue magnifique sur le fleuve. Le début des ateliers est retardée, le temps de se poser à l'ombre et de manger un glace au kiwi. J'ai choisi l'atelier "Mujeres et identidad". La plupart des participantes sont plus âgées que moi. Des professeurs, des étudiantes, des travailleuses sociales... Fin des ateliers, ils reprendront le lendemain. A pied jusqu'à la place Alvear. Quelques empanadas très salées. Des femmes partout des femmes dans les rues. Des tags, des pancartes, des tracts, des autocollants. On se rend ensuite au parc où à lieu le concert. Allongées, affalées dans l'herbe, toutes un peu fatiguées par cette journée. Lune naissante et rares étoiles. Bières et biscuits. Ballade de nuit dans le petit marché artisanal. Les filles achètent des livres sur l'avortement. Des grands fils sont tendus et des feuilles avec des numéros de téléphone telles des petites annonces de boulangerie proposent des renseignements sur l'avortement. Différents artistes se succèdent sur scène. Une chanteuse Hondurienne commence un discours, particulièrement touchant, des sanglots dans la voix, espérant des jours meilleurs à son pays. On monte sur les boulevards à la recherche d'un restaurant où l'on ne fera pas trop la queue. Le soleil m'a drôlement brûlé et m'a coupé toute faim. ça va cloquer. Aïe. Retour à la place où se tient le concert, la musique nous décide à rester, un curieux mélange de hiphop/reggae/dub, 3 femmes déchaînent leurs voix. ça danse beaucoup. Les mains en l'air. Entre chaque chanson des slogans pro-avortement. Les foulards verts tournoient. J'aperçois des larmes dans les yeux de d'une des mes amies. "Aborto legal para no morir, anticonceptivos para no abortar". Après le concert certaines, moi y compris, restent pour un fête organisée par des homosexuelles. On danse beaucoup, on farandole, on boit, on rit. Un gâteau géant en plastique trône au milieu du parc, les gens se trémoussent autour. Musique assez electro. Sur le point de prendre des taxis pour nous ramener au CIC, on achète quelques facturas et l'on décide finalement de retourner danser encore un peu, sur de la cumbia cette fois. Le lendemain on retourne aux ateliers. Les discussions semblent plus mâtures, certainement le travail de la nuit. Les mate passent et repassent. Je commence sérieusement à y prendre goût. On parle de beaucoup de chose, et commence à s'organiser les conclusions de l'atelier à rendre cet après-midi. Fin des ateliers je retrouve le reste des filles pour manger un morceau à l'ombre afin de s'épargner un peu du soleil. Le ciel est magnifique, de ces bleus d'été qui vous font savourer la fraîcheur de l'ombre et chaque gorgée d'eau. Pour le dernier atelier je me rends à celui sur le féminisme. Le thème principal de l'après-midi : le plaisir ! Sur le chemin pour la manifestation achat de glaces (au dulce de leche cela s'entend). La manifestation fut pour moi un moment particulièrement fort. J'ai beaucoup réfléchi au féminisme français à ce qu'il est, à ce qu'il fût. Chants et hurlements, caisses claires et djembés. Une marche où les hommes étaient très rares. Les filles s'adressent au femmes qui regardent la manifestation depuis leur balcon "Vecina sali de la cocina". Des anarchistes cagoulées peignent au fur et à mesure les murs. D'autres tags sont bien plus recherchés comme vous pouvez le voir sur les photos. Passage devant la cathédrale, rangées de policiers, derrière eux les opposants à l'avortement. Les bouteilles fusent. "Iglesia basura, vos sos la dictadura". La tension monte, mais parvient finalement à être maîtriser. Puis la manifestation s'achève sans emcombre. Dernière nuit en ville, dernière nuit au CIC, levées tard, maté, discussions et rapports des ateliers, retour en car à Buenos Aires. Lecture, musique, repos.

Aucun commentaire: